Besoin d’élargir mon horizon. Le Tibet s’est imposé peu à peu comme destination.
Rêve d’espaces, de dépaysement, envie de bousculer mes repères. Au fil des paysages, des rencontres, des échanges avec la population, mes carnets se sont remplis : des notes, des croquis rapides, souvent au feutre noir et quelques aquarelles pour ne pas oublier les couleurs.
A mon retour, en feuilletant les pages, le besoin de partager cette expérience inoubliable s’est fait sentir. Trier, mettre de l’ordre, peindre, écrire, retoucher, recommencer, supprimer, donner corps à mon projet. C’est ainsi que ce carnet a pris forme et trouvé un éditeur.
A travers ce carnet dont je partage ici quelques dessins, j’ai volontairement pris le parti de m’attarder sur les émotions ressenties, les paysages époustouflants, les tibétains dans leurs coutumes et leurs croyances afin de montrer la richesse et la beauté de la culture tibétaine.
Le temps semble s’être arrêté dans les villages où l’on assiste à des scènes paysannes d’un autre âge.
Des rues pavées, et devant les maisons, de beaux tissus imprimés du motif du nœud sans fin, symbole d’éternité, d’interdépendance de toutes choses, sont suspendus devant les portes des maisons.
Une table de billard au bord d’un des plus grands lacs salés du Tibet, le Yamdrok Tso. Un groupe d’hommes est installé à même la table pour jouer aux dés.
Le long des routes on aperçoit des paysans qui s’activent dans une ambiance jaune paille. C’est le battage de l’orge. Cette céréale est l’ingrédient principal de la tsampa, aliment traditionnel de base au Tibet.
Une femme fait aimablement visiter sa maison. La pièce principale sert de salon et de salle à manger durant la journée. Des couvertures sont empilées sur les banquettes. La nuit cette pièce accueille le repose de sept personnes, trois générations.
Moment singulier dans une cour intérieure où je m’installe, et que partagent habitants et pèlerins. Les uns vaquent à leurs occupations quotidiennes pendant que les autres alimentent le four à encens en priant. Ils y jettent des branches de genévrier, de la farine d’orge, du thé, du beurre de yack pour les protecteurs.
Au marché on pourrait passer des heures à dénicher étoffes, bijoux, moulins à prière, vaisselle, souvenirs, babioles et surtout se laisser surprendre par les étals de nourriture.. Denrée incontournable au Tibet, le beurre de yack sous toutes ses formes.
Hors des sentiers, trouver l’authenticité.
Une grande dévotion se ressent partout, dans les rues où l’on se prosterne, où flottent les drapeaux de prière, dans les monastères où règne une ambiance particulière entre prières et méditation. Dans la vaste salle de prières du monastère de Drepung, je m’installe sur une banquette et me laisse griser par la magie de ce moment tout en dessinant. Des mélopées lancinantes couvrent les conversations feutrées. Partout des étoffes rouges, une semi-obscurité dans la lueur des bougies.
Je n’oublierai jamais ce peuple de montagnards aux visages burinés et souriants empreints de mysticisme. Le mystère de cette terre de roches et de neige, de cette nature sauvage m’a été en partie dévoilé.